SANS-DENTS : L'ÉPURATION SOCIALE SELON GALBRAITH

Publié le par alain laurent-faucon - alf - andéol

 

 

Plus que jamais il est question de précarité, de « travailleurs pauvres », d'« intellectuels précaires », et plus que jamais certains discours laissent entendre que les pauvres sont pauvres parce qu'ils le veulent bien. En fait, l'on pourrait se demander s'ils ne sont pas aussi nécessaires à l'économie de marché que les quartiers défavorisés. D'abord, ils sont d'excellentes « variables d'ajustement », corvéables et taillables à merci. Ensuite, ils constituent ces « déchets » et autres rebuts inévitables que produit tout système capitaliste depuis la première révolution industrielle – cf. l'enquête du baron de Villermé sur l'État physique et moral des ouvriers français du XIXe siècle et les réflexions de Zygmunt Bauman sur Vies perdues, la modernité et ses exclus. Enfin, ils servent non seulement d'épouvantails ou de boucs émissaires pour préserver l'ordre social, mais ils entretiennent également cette peur si salutaire pour tenir les salariés dans un état de « servitude volontaire ».

 

 

 

Après cette mise en perspective plutôt pessimiste, je vous invite à lire ce que nous dit le célèbre économiste John Kenneth Galbraith dans un texte publié pour la première fois dans le numéro de novembre 1985 de Harper’s Magazine, puis traduit et reproduit par Le Monde diplomatique d'octobre 2005. Un texte qui permet d'avoir une vision d'ensemble sur la façon dont la pauvreté est perçue et qui répond à l'objectif de l'auteur : « Je voudrais livrer ici quelques réflexions sur l’un des plus anciens exercices humains : le processus par lequel, au fil des années, et même au cours des siècles, nous avons entrepris de nous épargner toute mauvaise conscience au sujet des pauvres ». Un texte qui n'a rien perdu de son actualité - hélas.

 

Mais avant de laisser la parole à Galbraith, soyons encore cyniques : la pauvreté c'est comme le cancer, ça permet à beaucoup de gens d'en vivre, à toutes celles et à tous ceux qui travaillent dans le « social » bien sûr, mais aussi aux chercheurs et autres universitaires qui enseignent, pensent et écrivent sur ce « créneau » très porteur. Même les « déchets humains » sont recyclés. Mais cela n'est pas nouveau. Souvenons-nous de la querelle qui avait opposé Proudhon, auteur de la Philosophie de la misère, à Marx qui lui avait rétorqué de façon cinglante par la Misère de la philosophie.

 

Car il faut toujours appuyer là où ça fait mal, et il est vrai qu'aujourd'hui la précarité peut faire l'objet de beaux sujets de dissertations de culture générale. Et d'articles, dossiers de presse et autres commentaires sur mon blog ! Comme me l'a fait savoir une universitaire, théologienne de surcroît, à propos d'Andéol – je lui ouvre parfois mon blog dans lequel il a "quartier libre" -, c'est véritablement, pour un précaire, manquer de dignité que de ne pas savoir se taire et de ne pas accepter sa condition contraire. Et de citer, pour conforter ses dires, les sermons de Maître Eckhart ! Mais pour s'ouvrir à la vie transcendantale et s'oublier « dans le fond sans fond de Dieu », encore faut-il pouvoir échapper à un quotidien particulièrement poisseux, ne point subir le harcellement des huissiers pour toutes les factures impayées, ne point connaître ces fins de mois difficiles qui commencent, en fait, dès le 10 du mois en cours.

 

En résumé, les « gens de peu », les « sans-dents », les « assistés »  n'auraient pas droit à la parole, puisque des personnes autorisées et compétentes parlent à leur place dans les organismes sociaux comme dans les universités. Non seulement ils ne parlent pas ou ne doivent pas parler, mais ils sont ... parlés ! Si la première et la plus fondamentale des libertés c'est d'être « cause de soi » - causa sui -, alors ils sont même dépossédés de cette liberté-là.

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

Parmi les excellents ouvrages qu'il faudrait absolument lire, citons notamment, par ordre alphabétique des noms d'auteurs :

 

- BAUMAN Zygmunt , Vies perdues. La modernité et ses exclus, éd. Payot & Rivages, 2006, pour la traduction française. « Le rebut est le secret sombre et honteux de toute production » et, parmi ces rebuts, il y a les « déchets humains », cette population en surnombre qui est rejetée, exclue, et qui ne peut rien faire de son existence.

 - CASTEL Robert, L'insécurité sociale, La République des Idées/Seuil, Paris, 2003. Cf. aussi son maître livre : Les métamorphoses de la question sociale, Fayard, 1995, rééd. coll. « folio essais », Gallimard, 2005.

- GORZ André, Métamorphoses du travail. Critique de la raison économique, éd. Galilée, 1988, rééd. « folio essais », Gallimard, Paris, 2004.

- HONNETH Axel, La Réification. Petit traité de Théorie critique, nrf essais, Gallimard, Paris, 2007, pour la traduction française. Il est aussi l'auteur de deux ouvrages essentiels La lutte pour la reconnaissance, Cerf, Paris, 2000, pour la traduction française, réédition en 2002 ; La société du mépris. Vers une nouvelle Théorie critique, éd. La Découverte, Paris, 2006, pour la traduction française.

- PAUGAM Serge, Les formes élémentaires de la pauvreté, PUF, Paris, 2005. Dans cette étude intéressante et originale, le sociologue distingue trois formes élémentaires : la pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante. Il est également l'auteur de La disqualification sociale, republiée dans la collection « Quadrige » en 2000, 

- PAUGAM Serge et DUVOUX Nicolas, La régulation des pauvres. Du RMI au RSA, PUF, coll. « Quadrige », Paris, 2008.

- SENNETT Richard, Le travail sans qualités, Albin Michel, 2000, pour la traduction française, rééd. « 10/18 », Paris, 2004. Il est aussi l'auteur de Respect. De la dignité de l'homme dans un monde d'inégalité, Albin Michel, Paris, 2003, pour la traduction française, rééd. Hachette Littératures, Paris, 2005.

- WACQUANT Loïc, Parias urbains. Ghetto, banlieues, État, éd. La Découverte, Paris, 2006, 2007, pour la traduction française, rééd. La Découverte/Poche, Paris, 2007.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Derrière la fatalité, l’épuration sociale

 

 

 

L'art d'ignorer les pauvres

 

par John Kenneth Galbraith

 

 

Chaque catastrophe « naturelle » révèle, s’il en était besoin, l’extrême fragilité des classes populaires, dont la vie comme la survie se trouvent dévaluées. Pis, la compassion pour les pauvres, affichée au coup par coup, masque mal que de tout temps des penseurs ont cherché à justifier la misère – en culpabilisant au besoin ses victimes – et à rejeter toute politique sérieuse pour l’éradiquer.

 

Je voudrais livrer ici quelques réflexions sur l’un des plus anciens exercices humains : le processus par lequel, au fil des années, et même au cours des siècles, nous avons entrepris de nous épargner toute mauvaise conscience au sujet des pauvres. Pauvres et riches ont toujours vécu côte à côte, toujours inconfortablement, parfois de manière périlleuse. Plutarque affirmait que « le déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne et la plus fatale des maladies des républiques ». Les problèmes résultant de cette coexistence, et particulièrement celui de la justification de la bonne fortune de quelques-uns face à la mauvaise fortune des autres, sont une préoccupation intellectuelle de tous les temps. Ils continuent de l’être aujourd’hui.

Il faut commencer par la solution proposée par la Bible : les pauvres souffrent en ce bas monde, mais ils seront magnifiquement récompensés dans l’autre. Cette solution admirable permet aux riches de jouir de leur richesse tout en enviant les pauvres pour leur félicité dans l’au-delà.

Bien plus tard, dans les vingt ou trente années qui suivirent la publication, en 1776, des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations – à l’aube de la révolution industrielle en Angleterre –, le problème et sa solution commencèrent à prendre leur forme moderne. Un quasi-contemporain d’Adam Smith, Jeremy Bentham (1748-1832), inventa une formule qui eut une influence extraordinaire sur la pensée britannique et aussi, dans une certaine mesure, sur la pensée américaine pendant cinquante ans : l’utilitarisme. « Par principe d’utilité, écrivit Bentham en 1789, il faut entendre le principe qui approuve ou désapprouve quelque action que ce soit en fonction de sa tendance à augmenter ou diminuer le bonheur de la partie dont l’intérêt est en jeu. » La vertu est, et même doit être, autocentrée. Le problème social de la coexistence d’un petit nombre de riches et d’un grand nombre de pauvres était réglé dès lors que l’on parvenait « au plus grand bien pour le plus grand nombre ». La société faisait de son mieux pour le maximum de personnes, et il fallait accepter que le résultat soit malheureusement très déplaisant à l’encontre de ceux, très nombreux, pour lesquels le bonheur n’était pas au rendez-vous.

En 1830, une nouvelle formule, toujours d’actualité, fut proposée pour évacuer la pauvreté de la conscience publique. Elle est associée aux noms du financier David Ricardo (1772-1823) et du pasteur anglican thomas Robert Malthus (1766-1834) : si les pauvres sont pauvres, c’est leur faute – cela tient à leur fécondité excessive. Leur intempérance sexuelle les a conduits à proliférer jusqu’aux limites des ressources disponibles. Pour le malthusianisme, la pauvreté ayant sa cause dans le lit, les riches ne sont pas responsables de sa création ou de sa diminution.

Au milieu du XIXe siècle, une autre forme de déni connut un grand succès, particulièrement aux États-Unis : le « darwinisme social », associé au nom de Herbert Spencer (1820-1903). Pour ce dernier, dans la vie économique comme dans le développement biologique, la règle suprême était la survie des plus aptes, expression que l’on prête à tort à Charles Darwin (1809-1882). L’élimination des pauvres est le moyen utilisé par la nature pour améliorer la race. La qualité de la famille humaine sort renforcée de la disparition des faibles et des déshérités.

L’un des plus notables porte-parole américains du darwinisme social fut John D. Rockefeller, le premier de la dynastie, qui déclara dans un discours célèbre : « La variété de rose “American Beauty” ne peut être produite dans la splendeur et le parfum qui enthousiasment celui qui la contemple qu’en sacrifiant les premiers bourgeons poussant autour d’elle. Il en va de même dans la vie économique. Ce n’est là que l’application d’une loi de la nature et d’une loi de Dieu. »

Au cours du XXe siècle, le darwinisme social en vint à être considéré comme un peu trop cruel : sa popularité déclina et, quand on y fit référence, ce fut généralement pour le condamner. Lui succéda un déni plus amorphe de la pauvreté, associé aux présidents Calvin Coolidge (1923-1929) et Herbert Hoover (1929-1933). Pour eux, toute aide publique aux pauvres faisait obstacle au fonctionnement efficace de l’économie. Elle était même incompatible avec un projet économique qui avait si bien servi la plupart des gens. Cette idée qu’il est économiquement dommageable d’aider les pauvres reste présente. Et, au cours de ces dernières années, la recherche de la meilleure manière d’évacuer toute mauvaise conscience au sujet des pauvres est devenue une préoccupation philosophique, littéraire et rhétorique de première importance. C’est aussi une entreprise non dépourvue d’intérêt économique.

Des quatre ou peut-être cinq méthodes en cours pour garder bonne conscience en la matière, la première est le produit d’un fait incontestable : la plupart des initiatives à prendre en faveur des pauvres relèvent, d’une manière ou d’une autre, de l’État. On fait alors valoir qu’il est par nature incompétent, sauf quand il s’agit de gérer le Pentagone et de passer des marchés publics avec des firmes d’armements. Puisqu’il est à la fois incompétent et inefficace, on ne saurait lui demander de se porter au secours des pauvres : il ne ferait que mettre davantage de pagaille et aggraverait encore leur sort.

 

Un mécanisme de déni psychologique

 

Nous vivons une époque où les allégations d’incompétence publique vont de pair avec une condamnation générale des fonctionnaires, à l’exception, on ne le dira jamais assez, de ceux travaillant pour la défense nationale. La seule forme de discrimination toujours autorisée – pour être plus précis, encore encouragée – aux États-Unis est la discrimination à l’endroit des employés du gouvernement fédéral, en particulier dans les activités relevant de la protection sociale. Nous avons de grandes bureaucraties d’entreprises privées, regorgeant de bureaucrates d’entreprise, mais ces gens-là sont bons. La bureaucratie publique et les fonctionnaires sont mauvais.

En fait, les États-Unis disposent d’une fonction publique de qualité, servie par des agents compétents et dévoués, honnêtes dans leur quasi-totalité, et peu enclins à se laisser surfacturer des clés à molette, des ampoules électriques, des machines à café et des sièges de toilettes par les fournisseurs. Curieusement, quand de telles turpitudes se produisirent, ce fut au Pentagone ... Nous avons presque éliminé la pauvreté chez les personnes âgées, grandement démocratisé l’accès à la santé et aux soins, garanti aux minorités l’exercice de leurs droits civiques, et beaucoup fait pour l’égalité des chances en matière d’éducation. Voilà un bilan remarquable pour des gens réputés incompétents et inefficaces. Force est donc de constater que la condamnation actuelle de toute action et administration gouvernementales est en réalité l’un des éléments d’un dessein plus vaste : refuser toute responsabilité à l’égard des pauvres.

La deuxième méthode s’inscrivant dans cette grande tradition séculaire consiste à expliquer que toute forme d’aide publique aux indigents serait un très mauvais service à leur rendre. Elle détruit leur moral. Elle les détourne d’un emploi bien rémunéré. Elle brise les couples, puisque les épouses peuvent solliciter des aides sociales pour elles-mêmes et leurs enfants, une fois qu’elles se retrouvent sans mari. Il n’existe absolument aucune preuve que ces dommages soient supérieurs à ceux qu’entraînerait la suppression des soutiens publics. Pourtant, l’argument selon lequel ils nuisent gravement aux déshérités est constamment ressassé, et, plus grave, cru. C’est sans doute la plus influente de nos fantasmagories.

Troisième méthode, liée à la précédente, pour se laver les mains du sort des pauvres : affirmer que les aides publiques ont un effet négatif sur l’incitation à travailler. Elles opèrent un transfert de revenus des actifs vers les oisifs et autres bons à rien, et, de ce fait, découragent les efforts de ces actifs et encouragent le désœuvrement des paresseux. L’économie dite de l’offre est la manifestation moderne de cette thèse. Elle soutient que, aux États-Unis, les riches ne travaillent pas parce que l’impôt prélève une trop grande part de leurs revenus. Donc, en prenant l’argent des pauvres et en le donnant aux riches, nous stimulons l’effort et, partant, l’économie. Mais qui peut croire que la grande masse des pauvres préfère l’assistance publique à un bon emploi ? Ou que les cadres dirigeants des grandes entreprises – personnages emblématiques de notre époque – passent leur temps à se tourner les pouces au motif qu’ils ne sont pas assez payés ? Voilà une accusation scandaleuse contre le dirigeant d’entreprise américain, qui, de notoriété publique, travaille dur.

La quatrième technique permettant de se soulager la conscience est de mettre en évidence les effets négatifs qu’une confiscation de leurs responsabilités aurait sur la liberté des pauvres. La liberté, c’est le droit de dépenser à sa guise, et de voir l’État prélever et dépenser le minimum de nos revenus. Ici encore, le budget de la défense nationale mis à part. Pour reprendre les propos définitifs du professeur Milton Friedman [1], « les gens doivent être libres de choisir ».

C’est sans doute la plus révélatrice de toutes les arguties, car quand il s’agit des pauvres, on n’établit plus aucune relation entre leurs revenus et leur liberté. (Le professeur Friedman constitue une fois de plus une exception car, par le biais de l’« impôt négatif », qu’il recommande, il garantirait un revenu universel minimum.) Chacun conviendra pourtant qu’il n’existe pas de forme d’oppression plus aiguë, pas de hantise plus continue que celles de l’individu qui n’a plus un sou en poche. On entend beaucoup parler des atteintes à la liberté des plus aisés quand leurs revenus sont diminués par les impôts, mais on n’entend jamais parler de l’extraordinaire augmentation de la liberté des pauvres quand ils ont un peu d’argent à dépenser. Les limitations qu’impose la fiscalité à la liberté des riches sont néanmoins bien peu de chose en regard du surcroît de liberté apporté aux pauvres quand on leur fournit un revenu.

Enfin, quand tous les raisonnements précédents ne suffisent plus, il reste le déni psychologique. Il s’agit d’une tendance psychique qui, par des biais variés, nous conduit par exemple à éviter de penser à la mort. Elle amène beaucoup de gens à éviter de penser à la course aux armements, et donc à la ruée vers la probable extinction de l’humanité. Le même mécanisme est à l’œuvre pour s’épargner de penser aux pauvres, qu’ils soient en Éthiopie, dans le sud du Bronx ou à Los Angeles. Concentrez-vous sur quelque chose de plus agréable, nous conseille-t-on alors.

Telles sont les méthodes auxquelles nous avons recours pour éviter de nous préoccuper du sort des pauvres. Toutes, sauf peut-être la dernière, témoignent d’une grande inventivité dans la lignée de Bentham, Malthus et Spencer. La compassion, assortie d’un effort de la puissance publique, est la moins confortable et la moins commode des règles de comportement et d’action à notre époque. Mais elle reste la seule compatible avec une vie vraiment civilisée. Elle est aussi, en fin de compte, la règle la plus authentiquement conservatrice. Nul paradoxe à cela. Le mécontentement social et les conséquences qu’il peut entraîner ne viendront pas de gens satisfaits. Dans la mesure où nous pourrons rendre le contentement aussi universel que possible, nous préserverons et renforcerons la tranquillité sociale et politique. N’est-ce pas là ce à quoi les conservateurs devraient aspirer avant tout ?

 

John Kenneth Galbraith – économiste, auteur du Nouvel État industriel, Gallimard, Paris, 1968, et des Mensonges de l'économie, Grasset, Paris, 2004.

 

[1] NDLR. L’économiste Milton Friedman est, avec Friedrich von Hayek, un des piliers de l’école de Chicago. A partir des années 1960, les « Chicago boys » ont diffusé les idées néolibérales à travers le monde, des États-Unis de Ronald Reagan au Royaume-Uni de Mme Margaret Thatcher, en passant par le Chili de M. Augusto Pinochet. Le livre de référence du professeur Friedman est Capitalisme et liberté (Robert Laffont, Paris, 1971).


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